L’insécurité et le terrorisme dans le Sahel, un impact dévastateur sur les populations locales

Le Sahel, une vaste région s’étendant du Sénégal à l’Érythrée, est devenu l’une des zones les plus instables au monde en raison d’une insécurité croissante causée par les activités des groupes terroristes et les conflits internes. Cette situation a des répercussions profondes sur les populations locales, affectant tous les aspects de la vie quotidienne, de la sécurité physique à l’accès aux services de base. L’impact social de cette crise est alarmant et, bien qu’il soit important, il peine à être maîtrisé.

 

L’insécurité qui frappe le Sahel est non seulement liée au terrorisme, mais elle constitue également une crise humanitaire et sociale majeure. Non seulement elle provoque le déplacement massif de milliers de personnes, la déscolarisation des enfants et l’effondrement des services publics, mais elle entraîne aussi la fragmentation sociale.

Face à cette situation inquiétante, plusieurs initiatives internationales visant à coordonner les efforts militaires et sécuritaires ont été mises en place, notamment la coalition du G5 Sahel. Cette coalition regroupe cinq pays sahéliens : la Mauritanie, le Mali, le Burkina Faso, le Niger et le Tchad. Cependant, malgré ces efforts, l’insécurité persiste, et certains experts soulignent que les réponses militaires seules ne suffisent pas.

L’insécurité dans le Sahel a un impact dévastateur sur les populations locales. Dans le rapport 2023 de l’Institut pour l’économie et la paix, il est clairement indiqué que le nombre d’opérations terroristes dans la région du Sahel a augmenté drastiquement, de plus de 2 000 % au cours des 15 dernières années. Cela est dû à la situation politique instable, où six tentatives de coup d’État ont eu lieu, dont quatre ont réussi.Au Burkina Faso en 2022, 310 attaques ont occasionné 1 135 morts et 496 blessés. Au Mali, le rapport fait état de 944 morts causées par des attaques armées. Selon le rapport, les attaques dans ces deux pays ont augmenté de 48 % par rapport à l’année 2021.

Le déplacement forcé des populations

Une des premières conséquences de cette insécurité persistante est le mouvement considérable des communautés. D’après l’ONU, des millions d’individus ont été déplacés à l’intérieur de leur propre pays ou se sont réfugiés dans des pays voisins. Ces déplacements forcés perturbent les modes de vie traditionnels, généralement fondés sur l’agriculture ou le pastoralisme.

Les populations déplacées sont souvent regroupées dans des camps surpeuplés, bénéficiant d’un soutien humanitaire inadéquat pour survivre. La crise intensifie les dangers liés aux maladies et aux conflits internes, amplifiés par le surpeuplement, l’insuffisance d’infrastructures de santé et les tensions ethniques, qui nuisent davantage à la stabilité sociale de la zone. Dans des contextes où les ressources sont déjà restreintes, l’accès à la terre, qui est un pilier vital pour la survie, devient une question cruciale.

L’éducation menacée

Le secteur éducatif est l’un des plus durement touchés par la crise sécuritaire au Sahel. Des milliers d’écoles ont été fermées, soit en raison de la présence de groupes terroristes dans les environs, soit parce que les enseignants et les élèves craignent d’être pris pour cible. Certains groupes extrémistes rejettent les systèmes éducatifs modernes et visent particulièrement les écoles publiques, qu’ils perçoivent comme des symboles de l’État. Les jeunes générations du Sahel sont sérieusement menacées par le manque d’instruction. Cela entrave non seulement leur progression personnelle, mais met également en péril le futur économique et social de la région. L’insuffisance d’accès à la formation éducative favorise la pauvreté et augmente la dépendance des jeunes face aux groupes terroristes. Sans une formation appropriée et des opportunités d’emploi, ces groupes armés peuvent séduire certains jeunes en leur proposant des rémunérations et un statut social.

La défaillance des services essentiels

L’accès aux services de base comme la santé, l’eau potable et les infrastructures de transport est sévèrement compromis dans les régions touchées par les conflits. Les attaques contre les infrastructures et les routes rendent difficile, voire impossible, la distribution d’aide humanitaire et le maintien de services essentiels. Dans de nombreux cas, les établissements de santé sont abandonnés ou pris pour cible, privant des milliers de personnes de soins médicaux vitaux. Ces circonstances mettent particulièrement en danger les femmes enceintes, les enfants en bas âge et les personnes âgées. L’insuffisance de soins et de médicaments, associée à une augmentation de la malnutrition causée par le déclin agricole local, a provoqué une hausse des taux de mortalité et de maladie. Le manque d’un système de santé efficace intensifie la marginalisation des groupes déjà exposés et exacerbe les disparités.

La fragilisation des structures sociales

La crise sécuritaire dans le Sahel a également un impact profond sur la cohésion sociale. Les conflits ethniques et religieux, souvent exacerbés par la lutte pour le contrôle des ressources rares, se multiplient. Les tensions entre groupes communautaires, parfois instrumentalisées par les groupes terroristes, fragilisent les liens sociaux et déstabilisent des sociétés autrefois solidaires.

La méfiance croissante envers les forces de sécurité locales, perçues comme inefficaces ou corrompues, renforce l’isolement des populations. En l’absence de protection étatique efficace, certains villages forment des groupes d’autodéfense, ce qui conduit à une militarisation accrue des sociétés rurales. Ces milices locales, bien que parfois nécessaires pour assurer la sécurité immédiate des populations, contribuent à la fragmentation de l’autorité et peuvent, à terme, exacerber les conflits internes.

 

Bountouraby SIMAKAN