UEMOA : la CRRH obtient la note maximale de Moody’s pour son émission d’obligations sociales
La Caisse Régionale de Refinancement Hypothécaire de l’UEMOA (CRRH-UEMOA) s’apprête à marquer une nouvelle étape sur le marché financier avec une émission d’obligations sociales destinée à refinancer les prêts immobiliers en faveur du logement social. Cette opération, d’un montant avoisinant 60 milliards FCFA, vient d’obtenir une reconnaissance de taille : l’agence de notation Moody’s lui a attribué la meilleure note possible en matière de durabilité, SQS1 (Excellent).
Un label de qualité pour l’émission obligataire
Dans son opinion de seconde partie (SPO) publiée le mardi 18 février, Moody’s souligne que le document-cadre de la CRRH-UEMOA est parfaitement aligné avec les principes applicables aux obligations sociales définis par l’International Capital Market Association (ICMA). Cette conformité aux standards internationaux conforte la crédibilité de l’opération et renforce l’attractivité de la Caisse auprès des investisseurs.
Selon les premières estimations, le rendement de cette nouvelle émission devrait osciller entre 5,95% et 6,15%, un niveau compétitif sur le marché régional.
Une stratégie éprouvée et un impact durable
Depuis sa création en 2010, la CRRH-UEMOA s’est imposée comme un acteur clé du financement du logement dans l’Union. À fin 2023, elle avait déjà levé 461 milliards FCFA à travers neuf émissions obligataires pour refinancer les portefeuilles de prêts des banques partenaires.
La dernière émission en date, réalisée en janvier 2023, portait sur 36 milliards FCFA, avec une maturité de 15 ans et un taux d’intérêt annuel de 6,10%. Majoritairement souscrite par des investisseurs institutionnels, elle témoignait déjà de la confiance du marché dans le modèle de la CRRH-UEMOA.
Loin d’être une simple formalité, la certification de Moody’s en matière de finance durable apporte une légitimité supplémentaire. Contrairement aux notations de crédit, qui évaluent la solvabilité d’un émetteur, une opinion de seconde partie (SPO) mesure l’impact environnemental et social d’une obligation. Cette reconnaissance pourrait ainsi stimuler davantage l’appétit des investisseurs pour cette nouvelle émission, dont les fonds seront intégralement consacrés au refinancement de prêts immobiliers sociaux sur 24 mois.
Un enjeu majeur pour le logement en Afrique de l’Ouest
Si la CRRH-UEMOA a déjà franchi des caps importants, les défis restent de taille. Le déficit en logements dans la région est colossal :
- En Côte d’Ivoire, il dépasse 500 000 unités et croît de 10% par an.
- Au Bénin et au Burkina Faso, où plus de 70% des travailleurs urbains évoluent dans l’informel, l’accès au financement immobilier reste un défi majeur.
L’initiative de la CRRH-UEMOA vise précisément ces segments vulnérables. En effet, 80% des prêts refinancés concernent des logements d’une valeur inférieure à 50 millions FCFA, et 49% portent sur des montants inférieurs à 25 millions FCFA, favorisant ainsi l’accès au logement pour les ménages modestes.
Une institution financière en pleine ascension
Au-delà de cette reconnaissance en finance durable, la solidité financière de la CRRH-UEMOA a également été saluée. En octobre dernier, Moody’s a amélioré sa perspective de notation, passant de « négative » à « stable », tout en confirmant ses notes Ba2 pour la dette à long terme en monnaie locale et Ba3 pour la dette en devises.
Ces avancées confirment le rôle stratégique de la CRRH-UEMOA dans le financement de l’habitat en Afrique de l’Ouest. Grâce à cette nouvelle émission obligataire, l’institution réaffirme sa volonté de mobiliser des ressources durables pour répondre aux besoins croissants en logements sociaux et faciliter l’accès à la propriété pour les populations les plus vulnérables.