Héroïnes de l’Indépendance : La Contribution des Femmes Guinéennes
La Guinée est le premier pays d’Afrique subsaharienne sous l’influence française à se libérer en 1958. La bataille pour obtenir cette indépendance a été longue et difficile. Cette souveraineté a également été obtenue grâce à l’apport essentiel des courageuses femmes guinéennes. Au cours de ce combat intense pour la libération de leur pays, ces femmes ont abandonné leurs fonctions de mères au foyer afin de contribuer à la libération du pays. Parmi ces héroïnes, le parcours de Hadja Mafory BANGOURA et M’Balia CAMARA, suscite l’inspiration et l’émerveillement de tout le continent.
Suite la création du Rassemblement Démocratique Africain (RDA), par l’ensemble des colonies d’Afrique Occidentale Française (AOF) en octobre 1946 à Bamako, le paysage politique des pays sous la domination Française, se trouva bouleversé. Par cette organisation qui affirme clairement son refus à l’ordre colonial. Le RDA devient alors le principal opposant de l’administration coloniale. Et rapidement, les femmes prennent part à ce combat politique. Partout en Afrique Occidentale Française (AOF) elles se mobilisent et soutiennent le RDA à travers des manifestations exclusivement féminines, des danses et des chants.
Ces femmes, généralement regroupées au sein des associations locales de femmes ou d’organisations comme le Parti Démocratique de Guinée (PDG), ont joué un rôle essentiel dans la mobilisation des masses, la diffusion des idées révolutionnaires et la mise en place de réseaux militants, bien que leur rôle ait parfois été moins documenté que celui des hommes. Elles ont :
- Organisé des grèves et des manifestations : Les femmes guinéennes étaient souvent à l’avant-garde de ces actions, y compris des grèves de marché pour protester contre les impôts coloniaux ou les politiques discriminatoires.
- Mobilisé les communautés : Les militantes, généralement de manière informelle, ont utilisé leurs positions dans les communautés pour sensibiliser la population aux enjeux de l’indépendance et aux actions du Parti Démocratique de Guinée (PDG).
- Apporté un soutien logistique : Elles ont apporté un soutien logistique aux militants, fournissant nourriture, abri et protection aux combattants et leaders nationalistes.
Malgré leurs engagements, elles n’occupent que des places secondaires au sein du parti, uniquement, regroupées dans les instances qui ne s’occupent que des femmes. Parmi, ces premières militantes rares sont celles qui ont fait des études. À l’image, de celles qui ont rejoint le Parti Démocratique de Guinée (PDG).
D’une mère de famille à une combattante.
En 1953, Ahmed Sékou TOURE, un éminent dirigeant d’Afrique de l’Ouest, a mené la grève générale en Guinée. En 1954, les femmes organisent des manifestations et créent de nouvelles chansons pour dénoncer la trêve électorale.
Dans leur participation certaines femmes formèrent aussi, des milices 100% féminines. Dont les membres provoquaient et attaquaient physiquement les membres des partis rivaux. Hadja Mafory BANGOURA, fut la première cheffe de ces milices. Cette femme soussou de Wonkifong, a été l’une des femmes les plus actives du RDA et dans la lutte pour l’indépendance de la Guinée. Durant, la grève générale qui avait duré 70 jours en Guinée. Mafory BANGOURA, a mobilisé les femmes, harangué le rassemblement et répandu le mouvement.
Après la réussite de cette grève générale, elle devient la présidente du comité des femmes du RDA. En 1954, lors des élections législatives, Mafory incite les femmes à mettre la pression sur leurs maris afin d’adhérer le RDA. Elle les pousse également à faire la grève du sexe et vendre leurs bijoux et objets de valeur pour soutenir financièrement le parti.
Entièrement dévouée pour l’indépendance de son pays, elle recueille et soigne chez elle les blessés lors des manifestations anticolonialistes. Elle devient une dangereuse épine sous les pieds des colons français et les chefs traditionnels corrompus.
M’Balia CAMARA une martyre
En 1955, la révolte des femmes du RDA s’intensifie contre la corruption de l’Administration coloniale et les chefs traditionnels qui voulaient maintenir leur place. De nombreux militants et militantes sont emprisonnés et torturés. M’Balia CAMARA, cheffe de comité local des femmes de Tondon une ville de Dubréka, est une martyre de l’indépendance en Guinée. Lors d’une contestation contre le délégué colonial, Almamy Daouda SYLLA, elle a été éventrée par coup de sabre, le 9 février 1955 alors qu’elle était enceinte. Elle succombe à ses blessures le 18 février 1955. Cette mort tragique se renforce en faveur de l’indépendance.
Les femmes de la classe populaire ont mené un combat intense pour l’indépendance de la Guinée, cherchant à améliorer leur condition de vie à tout prix. Afin d’atteindre cette souveraineté, que nous sommes fières de clamer aujourd’hui, ces femmes s’étaient convertis en guerrières, elles ont privé leurs familles de mère et mis en péril leurs couples. Et après l’accession de la Guinée à l’indépendance, elles sont redevenues des épouses, des mères et grands-mères.