MOHAMED BANGOURA, Directeur Général de l’ANAIM: “Nous voulons, à l’horizon 2027, être l’acteur incontournable en matière de gestion des infrastructures minières en Guinée”
Dans cette interview exclusive accordée à DOLON Magazine, le Directeur Général de l’Agence Nationale d’Aménagement des Infrastructures Minières (ANAIM), Mohamed Bangoura, a partagé son bilan et exposé sa vision stratégique ainsi que ses initiatives innovantes pour le développement des infrastructures minières en Guinée, après deux ans à la tête de la structure. Fort de son expérience, il a également détaillé les projets prioritaires de l’agence, sa collaboration avec les acteurs du secteur, ses efforts pour assurer un engagement communautaire et environnemental durable, ainsi que ses ambitions pour les années à venir.
DOLON : Qui est M. MOHAMED BANGOURA?
MOHAMED BANGOURA: Je suis le Directeur Général de l’ANAIM depuis le 19 janvier 2022, ayant bénéficier de la confiance de son Excellence Général de Corps d’Armées, Mamadi DOUMBOUYA, Chef de l’Etat, Président de la République, en me nommant à la tête de l’Agence Nationale d’Aménagement des Infrastructures Minières (ANAIM). J’ai été Analyste au compte du CABINET CADEXCO, Chef de Division Budget et Tarification à l’Autorité de Régulation des Postes et Télécommunications (ARPT) également Chef de Département Budget et Recouvrement à l’ARPT. Au sein de l’ANAIM, j’ai servi en qualité de Directeur des Ressources Humaines et de l’Administration où j’ai vraiment participé à l’amélioration de la qualité de la gouvernance en cultivant l’esprit professionnel.
DOLON : Quelles sont les principales missions de l’ANAIM ?
L’ANAIM, démembrement de l’Etat, il est important, avant tout de rappeler son rôle dans l’émergence du pays. Elle est l’Autorité chargée de la conception, l’étude, le financement, la construction et la gestion de toutes les infrastructures minières notamment ferroviaires, portuaires et terrestres en vue de faciliter l’extraction, le traitement, la transformation, la manutention, le transport et l’évacuation des substances minérales. Ces infrastructures peuvent être mises à la disposition des entreprises minières qui les utilisent, les exploitent, les gèrent et les rémunèrent à des termes et conditions convenus d’un commun accord, pour faciliter l’extraction et l’évacuation des substances minérales sur le long des différents corridors (nord-ouest, central et sud-est).
DOLON : Depuis bientôt 2 ans vous êtes à la tête de l’Agence Nationale d’Aménagement des Infrastructures Minières (ANAIM), faites-nous le bilan de vos deux années de gestion ?
L’Agence Nationale d’Aménagement des Infrastructures Minières a pour vocation d’innover et de promouvoir le développement des infrastructures minières en vue du développement économique et social de la Guinée. Comme toute nouvelle structure, l’ANAIM a connu quelques difficultés, souvent inhérentes, pour s’affirmer en tant que telle au sein des acteurs miniers en République de Guinée. C’est pourquoi depuis l’installation de la nouvelle Direction, diverses actions ont été engagées en vue de réussir ce pari. Les principales activités réalisées au cours des deux ans sont entrés autres :
1- Renforcement des capacités du personnel
Dès notre prise de fonction, nous avons fait un diagnostic fonctionnel de l’Agence. Et une des premières actions a été celle de renforcer les capacités techniques notamment sur les thématiques liées à la gestion portuaire et ferroviaire. A ce titre, nous avons établi des programmes de formation, ce qui n’a pas manqué d’impacter positivement sur la productivité et la performance de notre structure. Il faut dire que les premières années ont été consacrées aussi à l’amélioration des conditions de vie et de travail. Ainsi, nous avons lancé les projets suivants :
2- Projet Cité Kolaboui/Boké
Pour améliorer les conditions de vie et de travail des employés des sociétés minières en leur offrant des logements décents, nous avons lancé le projet de construction de 302 logements dont un lot de 100 est en cours de réalisation. L’aménagement du site et le démarrage des travaux a eu lieu le 04 septembre 2022, à travers la pose de la première pierre par son Excellence Monsieur le Premier ministre, Chef du Gouvernement, Dr Bernard GOMOU.
3- Projet Village CBG à la minière/Conakry
Poursuite des travaux de reconstruction des 20 duplex, un immeuble R+4, une piscine et un restaurant.
4- Projet Cité Kamsar
Poursuite des travaux de construction de douze (12) duplex et un super marché au bénéfice des acteurs miniers dont les clés ont été rendues.
- Rénovation des annexes de la Villa 3 avril à Kamsar
Pour répondre au besoin pressant en terme d’hébergement dans la localité de Kamsar.
5- Projet Centre de dialyse
Poursuite des travaux de construction du centre de dialyse pour réduire les coûts considérables des évacuations sanitaires à l’étranger.
6- La dotation de l’hôpital ANAIM de KAMSAR en ambulances médicalisées pour faciliter le transfert rapide des patients.
7- Améliorer la qualité des services offerts par l’Hôpital ANAIM de Kamsar et les conditions de travail de son personnel médical.
Cela s’explique par l’aménagement et l’équipement de l’hôpital ANAIM de Kamsar notamment l’acquisition d’une chambre froide.
DOLON : Quelles stratégies l’ANAIM adopte-t-elle pour garantir un engagement positif avec les communautés locales affectées par les projets d’infrastructures minières ?
Nous mettons au centre de nos activités la résolution des préoccupations des communautés. Cela se justifie par les actions que nous avons menées depuis notre nomination à la tête de cette agence notamment :
1- La Poursuite des travaux de construction de l’hôpital communautaire pour désengorger l’hôpital ANAIM de Kamsar cofinancé avec la CBG.
2- La Réhabilitation des forages d’eau à Kamsar et Kolaboui pour améliorer la fourniture d’eau potable.
3- La Signature d’un partenariat avec le géo-service dans le cadre de l’amélioration des conditions de vie des populations riveraines.
DOLON : Est-ce l’ANAIM intègre-t-elle les considérations environnementales dans la planification et la mise en œuvre de ses projets ?
Oui en effet, cette réponse réside dans le fait qu’aucun projet d’infrastructures n’est validé sans que les études d’impact environnemental et social ne soient présentées et validées. La responsabilité sociale et environnementale est au cœur de notre préoccupation. C’est pourquoi, nous envisageons une sorte de monitoring environnemental sur l’ensemble de nos sites.
DOLON : Comment l’ANAIM mesure-t-elle la contribution de ses projets à la croissance économique et au développement du pays ?
Comme vous le savez, l’infrastructure est le moteur de l’exploitation minière. Notre rôle est de développer les infrastructures minières pour faciliter les activités des sociétés minières. Il faut des infrastructures pour pouvoir expédier. Et à ce niveau, l’ANAIM est la structure de l’Etat qui a cette charge. Sa mission essentiellement est la conception, l’étude, le financement, la construction de toute infrastructure minière en vue de faciliter l’extraction, le traitement, la transformation, la manutention, le transport et l’évacuation des substances minérales. L’ANAIM contribue, à travers sa mission, à l’augmentation de la production et plus particulièrement à la quantité de substance expédiée. Comme exemple, nous pouvons citer le contrat d’opérations multi-utilisateurs qui permet à la CBG, GAC et COBAD d’utiliser en commun le chemin de fer Sangarédi-Kamsar. Cette mutualisation a permis d’accroître la productivité sur ce corridor. Cette démarche de mutualisation, à la fois respectueuse de l’environnement et compétitive sur le plan des coûts, nous l’envisageons également aujourd’hui sur le fleuve Fatala et à Konta.
DOLON : Quels sont aujourd’hui les défis auxquels l’ANAIM est confrontée et quelles sont les perspectives ?
Les défis sont multiples et variés. Il y a ceux liés à la formation, au respect de l’environnement et à la responsabilité sociale des entreprises. Le défi majeur est que nous voulons à l’horizon 2027 être l’acteur incontournable en matière de gestion des infrastructures minières en République de Guinée. Et pour cela, toutes nos activités doivent prendre en compte ces préoccupations. En terme de perspectives, au-delà de la certification ISO 9001 version 2015 que nous avons lancée, notre ambition est de développer des infrastructures minières à travers des pratiques innovantes telle que la mutualisation. Mais pour cela, nous devons nouer des partenariats stratégiques mutuellement bénéfiques pour mobiliser les fonds nécessaires à la réalisation des infrastructures minières. Et le partenariat Public-Privé constitue un outil formidable à mettre en œuvre, dans cette perspective, dans nos projets majeurs. C’est ainsi que nous avons signé un Patenariat avec le Groupe TANGER MED pour la réalisation d’un port en eau profonde à Dobali/Gonzales pour désengorger le port de Conakry et permettre l’accostage des navires de types cape size, les projets d’infrastructures avec Henan Chine, STS INFRASTRUCTURES SA, pour ne citer que ceux là. Il y a aussi l’aménagement de la plate-forme de Boffa, et la mise en place d’un système de comptage du tonnage de bauxite expédié, etc. Tous ces projets, sans aucun doute, contribueront efficacement à la croissance économique et sociale de notre pays.
Votre dernier mot
Tout le travail abattu et ce qui reste à faire dépend d’un effort conjugué. Je saisis cette occasion pour renouveler toute ma profonde gratitude au Président de la République, Chef de l’Etat, Chef suprême des armées, de m’avoir accordé toute sa confiance en me nommant à la tête de l’Agence Nationale d’Aménagement des Infrastructures Minières (ANAIM). Aussi, j’adresse mes sincères remerciements aux autorités de la Présidence de la République, pour leur soutien dans l’accomplissement de nos missions. Enfin, mes remerciements à tout le personnel de l’ANAIM et ainsi que nos partenaires. C’est une équipe qui gagne. Je vous remercie.