La nécessité de reformer le secteur urbain de l’eau en Guinée…

Périmètre actuel de la SEG

Le périmètre actuel de service de la SEG couvre 4,9 millions d’habitants en 2020, dont 53% dans le Grand Conakry. Des extensions ou projets d’extension du périmètre de la SEG ont été identifiés via deux schémas directeurs (AEP[1] Grand Conakry et AEP 26 villes de l’intérieur).

Le taux de desserte en eau potable sur le périmètre de la SEG, qui atteint 22% en moyenne, est très faible comparé à l’objectif de desservir l’ensemble de la population urbaine de Guinée à l’horizon 2030.On note un important déficit d’offre en eau au regard des besoins en eau de la population urbaine, en moyenne de 55% sur le périmètre de la SEG.

La production théorique par personne par jour dans l’aire de service est de 31 litres par jour par habitant, loin des niveaux de consommation attendus en milieu urbain (60 l/j/habitant en zone urbaine dense).

Des performances techniques faibles :

  • La distribution d’eau est fortement discontinue, variant de quelques heures d’approvisionnement par jour à tous les deux jours du fait des capacités de production insuffisantes, d’une pression trop faible et des coupures d’énergie ;
  • Les pertes en eau représentent 43% du volume produit sur l’ensemble du périmètre de la SEG en 2022 ;
  • Les ouvrages et équipements hydrauliques sont globalement en mauvais état et nécessitent d’importantes réhabilitations. Les branchements constituent notamment un problème majeur, occasionnant des pertes de près de 36m3 perdu par jour et par branchement sur le Grand Conakry ;

Si la qualité de l’eau distribuée semble bonne, il faut noter une potentielle dégradation de la qualité de l’eau brute : certaines sources d’eau importantes, telles que le barrage des Grandes Chutes alimentant le Grand Conakry, sont menacées par la pollution notamment provenant des exploitations minières de bauxite.

La capacité de production d’eau potable étant nettement inférieure à la demande, il apparait primordial d’augmenter les capacités des ouvrages de production d’eau pour assurer un accès à l’eau potable par tous les Guinéens vivant en zone urbaine. Ces investissements doivent inclure également des travaux d’extension et de réhabilitation des réseaux et des équipements hydrauliques (branchements et compteurs), toujours dans l’optique de desservir en eau un plus grand nombre et de résoudre le problème de vétusté.

Afin d’être performante sur sa mission, il est primordial pour la SEG de

  • Mettre en œuvre les schémas directeurs d’alimentation en eau potable du Grand Conakry et des 26 villes de l’intérieur.
  • Améliorer les connaissances des réseaux en renforçant et mettant à jour régulièrement le SIG (Système d’Information Géographique) de la SEG à l’échelle de tout son périmètre d’intervention ;
  • Lancer des campagnes de recherche de fuites sur les réseaux les plus anciens afin de remplacer et/ou réparer les canalisations les plus endommagées ;
  • Améliorer les connaissances des volumes d’eau produits et consommés avec des campagnes d’installation de compteurs privatif et sur les réseaux ;
  • Renforcer les stocks de matériels, pièces de rechange, équipements, instruments de mesure pour permettre une meilleure maintenance préventive et d’urgence.
  • Procéder à une refonte de la grille tarifaire qui soit plus adaptés aux profils de consommation des différents abonnés

Le plan de redressement de la SEG nécessite :

  • Le rétablissement de l’équilibre courant de la SEG à un niveau de performance satisfaisant (équilibre du compte de résultat), qui passe par :
    • L’augmentation des moyens affectés à l’entretien/maintenance, la recherche de fuite, la lutte contre la fraude ;
    • La mobilisation de subventions d’équilibre transitoire ;
    • La mise en œuvre d’un plan d’investissement, avec une prise en charge privilégiée des investissements par l’État et/ou les bailleurs de fonds afin de ne pas en faire supporter le coût à la SEG et donc ses usagers (du moins dans un premier temps) ;
    • La définition et mise en place d’un cadre de régulation tarifaire adapté.
  • L’apurement du passif accumulé (redressement du bilan).

Le plan de redressement de la SEG passera par l’adoption d’une nouvelle grille et politique tarifaire afin de contribuer au financement du service public d’eau potable.

Mobilisation des financements pour les investissements

Afin de financer les investissements prévus dans les deux schémas directeurs, le gouvernement guinéen a annoncé la prise en charge de 20% du montant des investissements lors du Forum de l’eau en Mai 2023, soit un montant estimé à 540 millions de dollars US. Bien que l’essentiel des financements devant provenir des bailleurs de fonds traditionnels, des financements privés sont envisagés sur des unités de production bien ciblées pour combler le gap du besoin en investissement, mais cela entrainera nécessairement un renchérissement du coût de la production d’eau pour la SEG.

En effet, les contributions annoncées à date, notamment des bailleurs de fonds traditionnels, ne sont pas suffisant pour financer les investissements nécessaires pour l’atteinte de l’accès universel à l’eau potable en milieu urbain.

[1] AEP: Adduction d’Eau Potable

Desserte en eau : La vision ambitieuse de la SEG d’ici 2027

La Société des Eaux de Guinée (SEG) s’est fixée une vision ambitieuse : devenir une entreprise émergente et performante d’ici 2027, avec une priorité indiscutable, celle de satisfaire sa clientèle en fournissant de l’eau potable de qualité en quantité suffisante à l’ensemble de la population. Pour concrétiser cette vision audacieuse, la SEG a élaboré un plan stratégique solide, mettant en avant des leviers prioritaires destinés à transformer l’entreprise en misant sur la réalisation de plusieurs projets.

L’un des piliers essentiels de la nouvelle vision de la SEG est la valorisation de son capital humain. L’entreprise reconnaît que ses employés sont sa plus grande ressource. Afin de favoriser un environnement de travail optimal, la SEG s’engage à améliorer le bien-être de ses employés et à promouvoir un dialogue social responsable. Elle prévoit également de renforcer son expertise métier, d’accompagner le développement de ses équipes, et de répondre aux enjeux futurs. La digitalisation des processus RH est également au programme pour gagner en efficacité.

Les équipes de la SEG ont bénéficié d’une formation sur Microsoft Excel avancé dans le but d’acquérir des outils, techniques et la méthodologie leur permettant d’accroitre leur productivité, ainsi que la maitrise du logiciel PowerPoint, dans le cadre d’un accompagnement de la Société Wallonne des Eaux (SWED)

Formation des exploitants à Tunis le nouveau logiciel du système de gestion clientèle.

Pour garantir une efficacité opérationnelle maximale, la SEG a entrepris la mise à jour de ses procédures et processus. L’objectif est de documenter l’ensemble de ces procédures, de les vulgariser au sein de l’entreprise, et de renforcer le respect des processus établis. Cette démarche vise à réduire les fraudes, à améliorer les encaissements et le recouvrement, et à maîtriser les risques opérationnels.

217 collaborateurs ont suivi les séances d’appropriation des fiches de poste.

La digitalisation, est un autre axe clé du plan de transformation de la SEG. L’entreprise prévoit de concevoir, développer et déployer des outils informatiques pour faciliter le travail de ses employés. La dématérialisation des processus internes est également un objectif important, de la SEG, tout en améliorant les conditions de travail. Cette initiative vise à maîtriser les risques liés aux systèmes d’information et à renforcer la capacité de la SEG à délivrer des services de qualité.

Acquisition d’un système de gestion clientèle intégré (logiciel et infrastructure de réseaux) pour la société des eaux de guinée (SEG-SA) : la mise en place du nouveau Système d’Information Commerciale a mis en évidence la convergence entre les besoins d’évolution de la gestion des agences et la solution logicielle proposée.

Améliorer ses relations avec ses clients, c’est un autre engagement de la Société des Eaux de Guinée à travers l’établissement d’un dialogue social avec les citoyens, collecter les données clients, adapter les services aux besoins de la clientèle, et améliorer la couverture en eau potable. Cette démarche a pour objectif de répondre efficacement aux principales insatisfactions des clients, d’augmenter le nombre de clients, et de développer de nouveaux services pour mieux répondre aux besoins.

 

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