Dr Bernard GOUMOU, Premier Ministre, Chef du Gouvernement

« Nous devrons œuvrer ensemble pour poser les bases d’une société réconciliée et engagée pour son développement socio-économique … »

Vous avez fait presque irruption dans le paysage administratif national, le grand public ne vous connaissait pas. Qui est Bernard GOUMOU ? D’où venez-vous ? Quel est votre parcours ?

Mon parcours est celui d’un enfant de la République qui a bénéficié du concours de l’État pour désormais le servir aujourd’hui fidèlement avec toute ma reconnaissance qui revient à SEM le Président de la Transition, Président du CNRD, Chef de l’État, Chef Suprême des Armées le Colonel Mamady DOUMBOUYA.

Je suis issu d’une famille modeste installé à Lola au Sud de la Guinée.  Depuis cette localité, j’ai effectué la majeure partie de mes études secondaires et bénéficié après le Baccalauréat d’une bourse d’État pour la poursuite des études supérieures au Maroc. Je suis ainsi diplômé de l’École Nationale de Commerce et de Gestion (ENCG) du Maroc, mais aussi de l’Institut Supérieur d’informatique et de Gestion Internationale (ISIG) de Ouagadougou (Burkina-Faso) et de l’École Supérieure des Assurances (ESA) de Paris. Cela étant, j’ai passé une vingtaine d’années d’expérience dans divers secteurs d’activités et au sein des multinationales (SMD, Holcim, ACTIVA) comme Contrôleur de gestion, DAF et DGA avant de de lancer mes entreprises : LANALA Assurances en 2016, LANALA Assurances- Vie en 2018, LANALA Finances en 2020 et LANALA Holding en 2021.En 2020, j’ai obtenu le grade de Docteur en Business Administration à l’IAE Lyon School of Management et Business Science Institute. Mon parcours est désormais connu des Guinéens depuis que le Président du CNRD m’a fait nommer le 27 octobre 2021 en qualité́ de Ministre du Commerce, de l’Industrie et des Petites et Moyennes Entreprises. Avec l’appui de l’ensemble de mes collaborateurs, j’ai réussi à faire élire par consensus le bureau de la Chambre de commerce de l’industrie et de l’artisanat.  Alors qu’un statut quo électoral y régnait depuis deux décennies. Mieux nous avons unifié les nombreux patronats de Guinée en une seule et unique organisation : la Confédération des Entreprises de Guinée (CGE-GUI). Le 16 juillet 2022, le Président de la Transition m’a surpris en m’invitant à assurer l’intérim du Premier ministre absent pour des raisons de santé. Un mois après, soit le 20 aout 2022, il m’a confirmé à ce poste d’impulsion et de coordination de l’action gouvernementale.

Du ministère de l’industrie et du commerce, vous avez été élevé à la fonction de premier ministre chef du gouvernement. À votre avis, à quoi vous devez cette promotion ?

Je profite de cette question pour rendre grâce à Dieu pour cette élévation et pour toutes les autres grâces.

Le mérite de cette nomination revient au Président de la Transition, Chef de l’État, Chef Supreme des armées, le Colonel Mamadi DOUMBOUYA, qui dans son élan patriotique a daigné m’accorder sa confiance pour être un « soldat » au service de sa noble et ambitieuse mission de refondation de notre pays. Je voudrais ici réitérer mon engagement sans faille à toujours mériter d’avantage cette confiance.

Quelle serait votre principale qualité qui aurait amené le président de la transition à vous accorder cette confiance ?

Il faut déjà retenir dans toutes choses, il faut de la volonté. Pour ma part, il faut retenir que je suis et reste un homme engagé, qui donne de sa personne pour mériter la confiance du Président de la Transition. J’ai une haute appréciation de ma mission.

Dans une période de transition, peut-être dans tous les cas, quels rôles sont assignés au PM ?

Le rôle du Premier Ministre est clair et est bien défini dans la charte de la transition. Il est responsable de l’unité et de l’orientation du Conseil des ministres et des politiques gouvernementales. Il dirige, coordonne et anime l’action gouvernementale.

Il veille au bon fonctionnement des services publics, à la bonne gestion de l’économie nationale, des finances publiques et domaines de l’État, des entreprises et organismes publics.

Le Premier Ministre assure l’exécution des lois et règlements et veille à l’application des décisions de justice.

Mais dès ma nomination en qualité de Premier Ministre, Chef du Gouvernement, Monsieur le Président de la Transition m’a assigné comme mission première l’établissement d’un dialogue incluant tous les Guinéens et d’aller chercher tous les frères et toutes les sœurs qui hésitent à y participer.

Le Président m’a dit : ‘’Monsieur le Premier Ministre, Si la justice est la boussole de la Transition, l’unité nationale est la pierre angulaire de l’édifice national. Retirer la pierre angulaire et l’édifice s’effondre. Retirez l’unité nationale et la Nation s’effondre. C’est aussi simple que cela’’.

La politique de la main tendue, prônée dès le 05 septembre 2021 par le CNRD, m’a été rappelée comme ligne de conduite pour parvenir à une participation de l’ensemble des Forces vives ».

C’est avec cet engagement que j’ai ouvert l’un des plus importants chantiers de la transition : le dialogue inclusif inter-guinéen. L’ouverture officielle a eu lieu le 24 novembre 2022 à Conakry en présence du médiateur de la CEDEAO pour la Guinée et des facilitatrices qui ont abattu un travail extraordinaire. Les membres du CNRD et du gouvernement, le Président du Conseil National de la Transition, les ambassadeurs accrédités en Guinée, des acteurs de la classe politique et ceux de la société civile étaient présents à cette session qui a duré un mois. Les 35 résolutions de ce cadre ont été présentée au Président de la Transition. Ce dernier immédiatement mis en place une commission technique de suivi des résolutions.

Avec les autres acteurs, en marge du cadre de dialogue nous avons eu des pourparlers sous la médiation des leaders religieux en vue de les rassurer et encourager à rejoindre le cadre de dialogue formel. Nous avons espoir que cela va un jour aboutir.

Parallèlement à ce chantier, je veille à la tête du Gouvernement à mettre en œuvre les 10 points du chronogramme de la Transition. Je coordonne et impulse les actions.

Enfin, à un niveau plus large, sous les orientations du Président de la Transition, le Premier ministre anime l’action gouvernementale en faveur du bien-être des populations.  C’est ce qui traduit ma présence sur le terrain des réalisations d’infrastructures et autres.

Être à ce niveau de responsabilité signifie aussi se fixer et relever des défis. Quels sont vos challenges depuis que vous êtes à la Primature.

Lutter contre l’inertie administrative, promouvoir l’esprit d’équipe avec une coordination gouvernementale. Promouvoir l’esprit d’équipe avec une coordination gouvernementale. Le challenge c’est aussi l’arbitrage budgétaire pour utiliser le mieux les ressources de l’Etat.

Vous le dites bien, vous avez chapeauté le forum des Assises Nationales. À quels résultats vous êtes-vous parvenus et qu’est-ce qui a véritablement changé dans les relations entre guinéens au lendemain de ce dialogue ?

Le premier objectif que m’ait fixé le Président de la transition est de réunir tous les Guinéens afin de parler des maux et de leur histoire. Au lendemain des assises, il s’en est sorti 45 recommandations. Ces 45 recommandations ont fait l’objet d’appropriation dans les 33 préfectures et sous-préfectures. L’une des recommandations parmi les 45 était  de toucher  les personnes atteintes par le civisme corporel du premier régime à date pour pouvoir les identifier et les prendre en compte. Cela nous a permit de mettre en place une cohésion sociale, une confiance s’installe, car il y avait une rupture de ces éléments entre l’Etat et la population.

Toutes les recommandations ont été planifiées de sorte que les assises restent et demeurent. Le but c’est d’ouvrir un dialogue inclusif avec la population pour leur permettre de communiquer sur les maux du passé.

Le porte-parole du gouvernement a récemment rapporté la détermination du président de la transition de respecter rigoureusement le délai de 24 mois. Pensez-vous que tous les projets que se donne la charte de la transition pourraient être effectivement réalisés dans ce temps ? notamment l’adoption de la constitution et l’organisation régulière de toutes les élections ?

Oui, c’est possible, le processus de rédaction de la constitution est lancé. Les comités sont mis en place dans le but de collecter les composantes d’un fichier électorale.

Il faut rappeler que nous avons signé un accord avec la CEDEAO en décembre 2021 dans un compris dynamique sur le sur dix (10) points de la Transition étalé sur une durée de 24 mois.

Dans le cadre de l’élaboration de la future constitution, vous avez été invité, en juin dernier, d’apporter votre contribution au débat d’orientation constitutionnel. Qu’elles sont pour vous les grands axes devant définir la vie sociopolitique de notre pays pour les prochaines décennies ? 

Ce fut pour moi un honneur d’ouvrir le débat d’orientation constitutionnelle. La contribution apportée, était celle du Gouvernement conformément à la vision du Président de la Transition, Chef de l’État, Chef Suprême des armées, le Colonel Mamadi DOUMBOUYA.  Lors de son investiture, il affirmait, je cite :

« Nous devrons œuvrer ensemble pour poser les bases d’une société réconciliée et engagée pour son développement socio-économique … » fin de citation.

Devant le CNT, j’ai expliqué que notre future constitution est une opportunité pour garantir les droits fondamentaux relatifs à l’instruction, à la santé, à l’habitat, à la sécurité alimentaire pour tous les citoyens Guinéens et particulièrement pour les femmes et les personnes vulnérables.

J’ai attiré l’attention de nos honorables conseillers nationaux sur les questions liées aux enjeux écologiques, climatiques en général et à la problématique environnementale de nos activités minières. Pour le gouvernement, nos textes doivent poser clairement le rôle et les obligations de l’État dans la préservation et la restauration de l’environnement naturel national. Il y va de la santé de nos populations, de la durabilité de nos richesses et de l’héritage à léguer aux générations futures.

Il nous apparait urgent que pour permettre le fonctionnement harmonieux et équilibré de nos institutions, les nouveaux textes doivent être plus précis sur leurs natures et leurs domaines de compétences. Dans ce dispositif, l’indépendance et l’impartialité de l’appareil judiciaire doivent être au centre de leurs réflexions. Dans le cadre de la stabilité sociale, j’ai appelé à la vigilance dans l’examen du juste équilibre entre le droit légitime d’exercice des libertés publiques et la nécessité de préserver la quiétude sociale, les édifices publics ainsi que la sécurité des personnes et leurs biens.

Quant à l’animation de la vie politique dans notre pays, on peut s’interroger sur la pertinence de maintenir des conditions favorisant la prolifération des partis politiques. En effet, le paysage politique guinéen gagnerait à mieux légiférer sur les conditions de création des partis politiques afin de vivifier et qualifier le débat politique et améliorer l’offre politique. La question de leur financement et de leur fonctionnement doit être également abordée.

Au titre des élections, le choix à faire entre l’organisation d’un ou plusieurs scrutins en même temps doit prendre en compte un environnement social caractérisé par un faible taux d’instruction du corps électoral d’une part, et les contraintes administratives liées à l’identification des citoyens d’autre part.Comme toute œuvre humaine, la future constitution dont nous doterons notre pays sera perfectible mais devra résister aux épreuves du temps, aux défis conjoncturels et surtout aux ambitions personnelles. Cette nouvelle constitution doit nous ressembler et nous rassembler comme l’a prôné le chef de l’Etat.

L’autre préoccupation nationale est liée au fonctionnement de la CRIEF. Avez-vous le sentiment que c’est l’outil nécessaire pour lutter contre la mauvaise gestion des finances publiques ?

La CRIEF est une cour de justice pénale au premier et second degré, créée par ordonnance le 02 décembre 2021.

Elle est compétente pour connaître les infractions économiques et financières d’au moins un milliard de francs guinéens, commis sur le territoire guinéen, A ce jour, la CRIEF, la CRIEF reste un merveilleux outil permettant à l’Etat de recouvrer les avoirs dilapidés, les biens et domaines spoliés de l’Etat. La CRIEF a connu près 300 procédures judiciaires ouvertes contre les personnes présumées auteurs des faits de détournement de deniers, de blanchiment de capitaux, d’enrichissement illicite. Elle est ainsi un véritable instrument de promotion de la bonne gouvernance et de moralisation de la vie publique.

D’anciens gestionnaires de la chose publique sont interpellés et incarcérés depuis plusieurs mois sans un procès qui situe leur responsabilité. Pensez-vous que leurs droits ont été respectés ?

N’ayant pas assisté à la procédure d’interpellation ni celle ayant encourue la mise en examen, je ne saurai me prononcer ici qu’en me basant sur les éléments remontés par le ministère de la Justice et des droits de l’Homme.

Il est important de mentionner que le procès auquel vous pensez s’est tenu en mars dernier, puis a bénéficié d’un renvoi.

Sans m’appesantir sur la confidentialité de certains éléments du dossier, il convient de relever que les Autorités actuelles mettent un point d’honneur au respect des procédures et de la dignité humaine. Nous invitons ainsi quiconque se sentirait lésé dans ses droits à le faire valoir, pour une enquête approfondie.

La justice est et restera la boussole qui guide tous les citoyens, à commencer par notre Administration qui doit être exemplaire. Bien évidemment, les mentalités sont difficiles à changer, nous ne pouvons exiger le changement d’un coup et l’avoir immédiatement mais le gouvernement est à pied d’œuvre afin que ce changement soit réel et palpable.

Au début de l’année, vous avez signé à vos ministres un contrat de performance. Quels sont les termes de ce contrat et à quel moment ces contrats seront évalués ?

Plusieurs questions en une. Pour mener à bien ses missions, le Gouvernement travaille sur la base d’une feuille de route qui porte sur 5 axes : la rectification institutionnelle ; le cadre macroéconomique et financier ; le cadre légal et la gouvernance ; l’action sociale, l’emploi et l’employabilité́ ; enfin la question essentielle des infrastructures et de l’assainissement.

La mise en œuvre de ces axes exige des actions sectorielles. J’ai alors assigné à chaque ministre une lettre de mission précise avec des objectifs mesurables en termes de reformes, d’objectifs globaux et spécifiques. En vue d’obtenir de mes ministres des résultats tangibles et impactant pour les populations, j’ai signé avec chacun deux, un Contrat de performance annuel. C’était une première. Cette signature, en présence du Chef de l’État le 3 janvier au palais Mohamed V, assure l’instauration dans l’administration publique du système de Gestion axée sur les résultats (GAR). En fait, le contrat annuel de performance est un outil de suivi et d’évaluation de la performance gouvernementale. Il inclut des grilles d’évaluation utilisant des critères objectifs, transparents et définis de commun accord. Les résultats attendus de l’application dudit contrat portent sur : (i) une efficacité accrue de l’action gouvernementale ; (ii) une productivité globale plus élevée du Ministère ; (iii) des collaborateurs plus motivés et plus engagés sur les résultats qui maximisent leur rendement au travail. L’évaluation de la performance se fera en quatre (4) étapes selon un calendrier précis : l’Auto-évaluation par le Ministère en mai ; l’Évaluation à mi-parcours du Ministère en juillet 2023 ; le Suivi des recommandations de l’évaluation à mi-parcours en octobre 2023 et l’Évaluation finale en décembre 2023.

La grille d’évaluation s’articule autour de dix (10) critères, allant des lettres de mission du Ministère au taux de décaissement du budget de projets et programmes, la mobilisation des revenus non fiscaux au budget, la mise en place d’outils de bonne gouvernance la digitalisation, la déclinaison du contrat de performance au sein du Ministère et autres.

Après les autoévaluations et notre appréciation sur l’appréciation des outils de gouvernance et d’évaluation, nous nous apprêtons maintenant à procéder à l’évaluation à mi-parcours du travail de département devant une commission mixte. Les résultats seront présentés au Président de la transition.

Pensez-vous que votre expérience dans le domaine de l’assurance est un grand atout pour réussir vos fonctions de premier ministre ?

Mon expérience dans les assurances et celles obtenues dans les autres domaines comme l’audit, les mines sont de grands atouts. Être Premier Ministre demande à chaque instant d’aborder des questions complexes, sensibles de nature à impacter la vie de millions de personnes. Mon expérience de dirigeant d’entreprises qui implique de visionner, anticiper, organiser, créer, réunir et animer des équipes en vue d’atteindre des résultats est très pertinente dans l’exercice de cette fonction.

Le pays semble être en chantiers, pensez-vous qu’ils seront achevés à la fin de la transition où bien ce sera à la future équipe de les achever ?

Écoutez, il n’y a pas d’œuvre achevée. Nous avons aujourd’hui dans nos régions administratives et à Conakry plusieurs projets d’infrastructures. J’insiste sur le fait que c’est toute la Guinée qui est en chantier. Notre combat est de réussir à boucler les 90% de ces projets pour le bonheur de nos concitoyens. Il y a bien évidement un certain nombre de projets qui seront inaugurés par le prochain gouvernement, compte tenu du délai incompressible dans leur réalisation.

Nous mettrons les bouchées double pour rendre l’essentiel des chantiers. La construction d’une nation nécessite de l’effort constat tous les jours. Le CNRD s’est engagé à mettre les bases de la refondation de l’État et de la restructuration des institutions. A travers la vitesse que nous imprimons au suivi, contrôle et exécution des travaux de qualité, le Président de la Transition veut surtout montrer aux futurs dirigeants de ce pays, que nous pouvons faire le nécessaire possible en si peu de temps. Ce ne sont pas les moyens qui manquent vraiment, ni les hommes. Juste une dose de patriotisme, d’engagement de rigueur dans la gestion de la chose publique.

C’est le message véhiculé à travers la démolition et la reconstruction de la cité Donka, l’aménagement en cours de 314 km de routes dans les quartiers de Conakry, les 5 infrastructures de liaisons des quartiers de la Capitales, les aéroports régionaux et bien d’autres projets qui impactent la vie des Guinéens.

Nous œuvrons au renforcement du système de santé à travers la constriction des Centres Universitaires Régionaux à Kindia Labé, Kankan et N’Zérékoré. Au niveau du système scolaire, le défi va de la maternelle à l’enseignement technique en passant par l’enseignement supérieur et l’innovation technologique. Dieu merci, les réformes engagées portent.

A cœur vaillant rien d’insurmontable.

C’est la voie à suivre pour « renforcer la confiance de nos concitoyens et concitoyennes envers tout détenteur ou toute détentrice de l’autorité publique en République de Guinée » comme vous l’avez promis lors de la déclaration de politique générale du gouvernement au CNT ?

Je ne me fais pas d’illusion. Cela prendra du temps. Il est difficile de rétablir une bonne réputation et les qualités pour y parvenir n’ont malheureusement pas été mises en avant sous les régimes précédents. Je veux parler de la probité, de l’exemplarité, du civisme, de l’impartialité, de la compétence, du sens de l’intérêt général et de la compassion.

Nous espérons toutefois poser les bases solides de la restauration de la confiance perdue en mettant en œuvre les trois choix stratégiques portés par le Programme de Référence Intérimaire (PRI) qui fixe le cap de l’action publique sur 2023, 2024 et 2025. Ces choix sont de trois (3) ordres : institutionnels, infra- structurels et transformationnels.

Les défis institutionnels appellent à l’édification d’institutions politiques, judiciaires et sécuritaires, légitimes, fortes et compétentes, ainsi que des institutions économiques efficaces pour sortir de l’ornière de la fragilité et bâtir un Etat résilient. Les défis infrastructurels sont d’accroître le stock d’infrastructures tout en le maintenant en bon état pour renforcer les bases matérielles du développement du pays et accélérer sa croissance économique.

Les défis transformationnels sont ceux qui font appel à la dynamique démographique, la digitalisation, la diversification économique et les changements climatiques.

Depuis votre passage à la 77eme session de l’Assemblée Générale des nations Unies, vos relations se sont apaisées avec la CEDEAO. Que s’est – il passé ?

Je l’avais déjà expliqué dans ma déclaration de politique générale. Il s’est avéré primordial que la vision et les objectifs des Autorités de la Transition soient communiqués à la CEDEAO, aux Nations Unies et à tous nos partenaires bilatéraux et multilatéraux.

C’est pourquoi, le dialogue avec nos partenaires, notamment la CEDEAO et le G5 Guinée, n’a jamais été interrompu pour exprimer la légitimité de la prise de responsabilité de nos forces de défense et de sécurité le 05 septembre 2021 et la bonne foi des responsables de la Transition qui ne pourront pas faire acte de candidature aux prochaines échéances électorales.

Lors de la 77ème Assemblée générale des Nations Unies, j’ai porté ce message du Président de la Transition au Débat général en vue de lever toute équivoque sur nos intentions et réafirmer notre volonté de mettre en place un Etat démocratique basé sur l’état de droit, n’ayant pour seul objectif que la réalisation des aspirations des populations à une société unie, inclusive, prospère, paisible et durable. Ce dialogue a permis l’obtention d’un accord avec la CEDEAO dans un compromis dynamique sur la durée de 24 mois de la Transition et l’adoption de son Chronogramme.

Il a également permis la poursuite de l’appui international des Partenaires Techniques et Financiers au développement sur la base de rapports de confiance améliorés par les réformes gouvernementales fortes et la bonne gouvernance.

Les derniers rapports de la Banque mondiale sur la Guinée sont élogieux.

Nous ne les voyons pas ainsi. Ces rapports reflètent nos performances économiques. Nous veillons à l’assainissement des finances publiques, améliorons la mobilisation de ressources et gérons de façon rigoureuse les ressources disponibles. Le 1er juillet 2023, la Guinée est passée de pays à faible revenu à pays à revenu intermédiaire (de la tranche inférieur) dans le classement de la Banque Mondiale en raison de son revenu national brut par habitant qui a atteint 1 180 USD en 2022 contre 1010 en 2021.  Cette performance est à mettre à l’actif des réformes mises en œuvre pour accélérer le rythme de création de la richesse nationale en dépit de la conjecture internationale. Cette classification, renforce la crédibilité du pays et rehausse sa capacité à attirer les investissements nécessaires pour transformer notre immense potentielle en opportunité réelles pour nos populations. Nous devons convertir les embellies macroéconomiques en impact concret sur leur vie de tous les jours : panier de la ménagère, accès à une éducation et à des soins de qualité, infrastructures… C’est la préoccupation du moment. Sur le plan agricole, nos efforts commencent à produire des effets. Les données du Département américain de l’agriculture (USDA) pour la saison 2022/2023, révèlent que la Guinée sous le CNRD est devenue le deuxième pays producteur de riz d’Afrique de l’Ouest, après le Nigéria. Notre production est proche de 2 millions de tonnes de riz étuvé. Avec la forte mécanisation de l’agriculture et l’appui à nos producteurs, nous avons espoir d’assurer notre sécurité alimentaire, sous peu. Le budget de l’Agriculture est passé, cette année, de 600 milliards à 1900 milliards GNF.

Votre politique économie plus est portée sur le social ?

C’est le principe de base du leadership attentif. Avoir de l’empathie émotionnelle en comprenant l’autre et répondre au souci emphatique. Pour nous, toute action politique qui n’a pas d’impact social n’a pas de sens. Nous privilégions l’humain.   Par le travail, nous devons donner du sens à la justice et à la solidarité. Ce sont les devises de notre pays.  En fait ces valeurs morales de nos sociétés, inspirent nos actions au-delà même de la sphère publique. Le Président ne cesse d’apporter du réconfort et du sourire à ceux et à celles qui sont en détresse. Tout le monde cite aujourd’hui en exemple le cas de l’orpheline qu’il a adopté. Lors de ma tournée dans la région administrative de Boké, vous m’avez vu au côté d’un enfant dans une chaise roulante à Kamsar. Nous venons de sauver d’une tumeur, une enfant venue de Gaoual, d’une famille. En attendant de pouvoir donner la possibilité à tous de bénéficier des soins de qualité et vivre dignement, nous faisons parler notre cœur, de citoyen de ce pays. Merci à toutes celles et tous ceux qui portent assistance à nos compatriotes dans le besoin.

Quelle image souhaiteriez-vous que l’on garde de votre passage à la tête de la Primature ?

L’image d’un jeune cadre au service de sa nation. L’image d’un homme qui s’est efforcé à remplir ses missions sous la clairvoyance du Président de la transition, chef suprême de l’armée, le Colonel Mamady Doumbouya Vis-à-vis du gouvernement, l’image d’un chef d’orchestre qui a bien accordé les violons pour que le gouvernement soit le plus efficace dans le travail. Avec mes collaborateurs, je veux laisser l’image d’un chef à l’écoute et qui était porté vers le travail en vue de donner à la Primature toute la place qui lui revient dans le dispositif gouvernemental.d

Et enfin, Pour l’opinion publique, je voudrais laisser chacun apporter son propre jugement mais du fond du cœur, l’image que je veux que la population guinéenne retienne de moi, c’est simplement un serviteur au service de sa nation qui aura travaillé pour le développement de son pays mais également à la réconciliation des Guinéens et avec leur histoire.

Merci