Qui est Monsieur BAH Diawadou ? Parlez-nous de votre parcours ?
J’ai plus de 17 ans d’expérience professionnelle dont 15 ans dans le secteur bancaire principalement à la Citibank, à UBA et dans le Groupe Ecobank que j’ai rejoint depuis 2011. J’ai commencé comme Chargé des ventes des produits de Trésorerie et j’ai progressivement gravi les échelons, devenant Chef de service de la vente des produits de Trésorerie, Directeur de la Trésorerie, Directeur de la Trésorerie et des Grandes Entreprises, Directeur régional de la Trésorerie pour les pays francophones couvrant 14 pays, Directeur Groupe pour les Produits de Change couvrant 34 pays et Directeur Régional de Trésorerie pour l’International couvrant la France, l’Angleterre, les Emirats Arabes Unies et la Chine. Durant ces années, j’ai eu à exercer au Sénégal, en Côte d’Ivoire et en France que j’ai quitté en août 2019 pour occuper la position de Directeur Général de la filiale d’Ecobank en Guinée.
Comment se positionne Ecobank ces dernières années en Guinée sur ses différents segments d’activités ?
En décembre 2021, le marché bancaire guinéen était composé de dix-sept (17) banques en activité avec un total bilan de 3.6 milliards USD.
Ecobank occupe aujourd’hui la première place sur les principaux indicateurs que sont (1) la taille de bilan (22% de part de marché), (2) le total de dépôts collectés auprès de la clientèle (23%), (3) le total crédits consentis à l’Economie incluant les financements accordés à l’Etat (27%) et enfin en termes de revenus générés (32%).
Ces performances sont le fruit d’une stratégie progressivement inclusive passant des Grandes Entreprises aux PMEs et à la clientèle des particuliers. Aujourd’hui, nous avons élargi notre offre de produits à la sphère digitale, car étant l’avenir en matière de gestion financière.
L’analyse de nos performances sur les dernières années révèle une croissance plus soutenue des segments d’activités PMEs et clientèles des particuliers. Cette tendance continuera sur les 3 prochaines années car nous ambitionnons de développer ces segments avec des offres plus attrayantes, des solutions plus innovantes à des taux plus accessibles. Le potentiel de croissance est définitivement sur ces segments d’activités, compte tenu du faible taux de bancarisation et du caractère informel de notre économie.
la crise du Covid-19 a ébranlé bon nombre de secteurs d’activités. Comment Ecobank Guinée traverse cette période ?
Nous avons fait preuve de résilience depuis le début de la pandémie et nos fondamentaux n’ont pas été ébranlés, grâce à deux mesures prises par la Banque Centrale de la République de Guinée ; à savoir la baisse du niveau des réserves obligatoires de 100 points de base qui nous a permis de libérer de la liquidité supplémentaire et l’assouplissement dans le traitement des créances impayées ayant résulté de cette crise de la COVID 19.
Cette résilience s’est traduite par un ratio de créances douteuses en constante amélioration passant de 13,08% en 2019 à 1,32% en 2021 avec un taux de couverture à 93%.
Sur le plan de la performance, nos parts de marché en termes de collectes de ressources se sont renforcées grâce à notre stratégie de digitalisation qui a été la réponse idoine à la pandémie, permettant à nos clients d’effectuer leurs opérations, au plus fort de la crise, sans avoir à se déplacer et à s’exposer à des risques sanitaires. Entre 2019 et 2021, notre bilan s’est apprécié de 31%, la base clientèle classique de 15% avec plus de 178,995 clients et la clientèle de la banque digitale de 13% avec plus de 604,960 clients.
Ecobank est présente en Guinée depuis mai 1999. Quelle est votre appréciation du marché bancaire et financier en termes de potentialité et d’opportunité ?
Le potentiel et les opportunités sont multiples quand on compare à ce qui se fait ou existe dans la sous-région.
- Sur le plan de l’offre de solutions d’épargne, il est nécessaire de proposer des alternatives aux comptes d’épargnes ou aux DAT (Dépôts à terme). Je veux parler ici des Fonds communs de placements (FCP), de la création d’un marché secondaire actif pour investir sur des actions – des Bons ou Obligations du Trésor, de la création de SGI (Société de Gestion et d’Intermédiation) pour élargir l’offre de produits financiers.
- Du point de vue du financement, il y a un déficit du parc immobilier à combler au même moment où on note une éclosion de la classe moyenne; ce qui ouvre le champ au financement immobilier. Il est plus que nécessaire que les banques facilitent l’accès au financement à moyen et long terme, en transformant une partie des ressources collectées dans la limite des règles prudentielles en vigueur.
- En termes d’opportunité, nous avons encore un secteur informel très fort qui gagnerait à se formaliser afin d’accéder aux leviers de financement et augmenter leur niveau d’activités. Il y a également l’apparition d’une industrie de transformation créant de la valeur ajoutée, de nouveaux emplois et valorisant la production locale notamment dans le secteur agro-alimentaire qui offre d’immenses opportunités au vu du volume des produits importés en République de Guinée. Enfin, il y a les grands chantiers dont le pays a besoin pour réduire le déficit en termes d’infrastructures. Autant d’opportunités sans compter celles dans le secteur minier qui nécessiteront que les banques jouent pleinement leur rôle pour la création d’un tissu économique solide.
Malgré la présence de nombreuses banques (16 banques agréées) pour soutenir son économie, la Guinée à l’un des taux de bancarisation les plus faibles de la zone CEDEAO. Quelles en sont les causes ?
Le taux de bancarisation dépend moins du nombre de banques que de certains facteurs d’ordre économique, voire socioculturelle, à savoir :
- Le faible niveau de revenu de la population, donc la faible capacité d’épargne
- Le faible taux d’alphabétisation qui a un impact sur la culture financière
- Le poids important de l’informel dans les activités économiques qui favorise la circulation des espèces et la thésaurisation notamment en dehors des grandes villes.
Aujourd’hui avec l’APIP (Agence de Promotion des Investissements Privés) qui facilite les démarches administratives pour la création d’entreprises, les mesures fiscales incitatives du gouvernement et la nécessité de se formaliser pour accéder au levier de financement (entreprises et particuliers), nous devrions voir ce niveau de bancarisation évoluer. Par exemple entre 2020 et 2021, le nombre des clients a augmenté de + 17% dans le secteur bancaire classique se chiffrant à 835,023 clients à fin 2021 (dont 178,995 clients Ecobank).
Ecobank va continuer à appuyer les efforts des autorités pour favoriser et intensifier l’inclusion financière à travers son offre de produits digitaux facilitant l’accès à la banque et à moindre coût.
Comment Ecobank a participé à la bancarisation des populations actives de la Guinée ?
Nous avons participé à la bancarisation de la population active en rendant la banque plus accessible, plus disponible et en vulgarisant les produits bancaires à toutes les couches de la population y compris les jeunes et les femmes.
Pour exemple, nous avons révolutionné le mode de fonctionnement des banques à notre arrivée en 1999 en instaurant la journée continue en semaine et l’ouverture des agences le samedi rendant la banque plus accessible ;
A cela s’est ajouté le réseau d’agences à l’intérieur du pays couvrant les 7 régions administratives avec plus de 20 agences bancaires. Aujourd’hui, le maillage du territoire est effectif avec l’ouverture de plus de 5,321 Points Xpress qui viennent en support à notre réseau d’agences bancaires. Nos clients peuvent y effectuer des dépôts ou des retraits d’argent. Cette stratégie d’expansion du réseau se justifie par le souci de proximité de la banque à sa clientèle.
Nous continuons d’innover afin de faciliter l’inclusion financière ce qui justifie les investissements importants en matière de digitalisation. Notre offre de solutions bancaires s’est élargie à toutes les couches de la population avec le lancement d’Ecobank Mobile. Aujourd’hui nous offrons une alternative au compte bancaire classique en permettant à tout citoyen de disposer d’un compte bancaire virtuel gratuit (Ecobank Mobile) offrant les mêmes possibilités. Rien que sur Ecobank Mobile (la banque digitale), nous enregistrons aujourd’hui 604,960 clients. Quand on compare aux 835,023 clients détenteurs de comptes classiques on voit nettement la progression sur ce segment. Notre objectif est d’enrôler 3 millions de nouveaux clients sur Ecobank Mobile d’ici à 2025.
Nous investissons également dans l’éducation financière. Ceci au travers des campagnes de sensibilisation de la population, notamment à l’attention des opérateurs économiques expliquant les avantages d’avoir un compte bancaire pour la sécurisation de leurs avoirs et le développement de leurs affaires, en bénéficiant des différentes facilités offertes par les banques pour le financement de leurs activités.
Quel est votre apport dans le soutien des PME ? Quels sont les secteurs que vous accompagnez le plus ?
Il ressort que 90% du tissu économique de l’Afrique est constitué de PMEs. Ce faisant, en tant que banque panafricaine on commettrait une grave erreur de ne pas y accorder une importance capitale dans nos orientations stratégiques ; d’autant que la mission d’Ecobank est de contribuer à l’intégration et à l’essor des économies africaines mais surtout de créer des « Champions Africains ».
Ainsi, dans notre organisation nous avons toute une direction commerciale dédiée à l’accompagnement des PMEs. L’offre commerciale qui est proposée découle à la fois d’une analyse globale et sectorielle du marché tout en mettant un accent prioritaire sur les ambitions de croissance et de pérennité des PMEs. L’accompagnement que nous donnons porte aussi bien sur les facilités de crédits directs que sur les engagements par signature comme les cautions, les lettres de crédits, les avals de traite etc. Aussi, nous accordons de l’importance aux activités de conseil et de formation de sorte à nous assurer de la capacité des PMEs à maîtriser leurs activités y compris les risques qui y sont liés, de façon à pouvoir générer suffisamment de liquidités pour couvrir leurs engagements et pérenniser leurs activités.
Les secteurs d’activité sur lesquels portent nos priorités sont entre autres :
- Le commerce général (import/Export)
- L’Agro business
- Le Transport et la distribution d’hydrocarbure
- Les Bâtiments et Travaux Publics (BTP)
- Les Mines
Ecobank a-t-elle une initiative de financement axée sur les entreprises dirigées par des femmes en Guinée ?
En effet, nous avons un programme de financement dédié à la promotion de l’entreprenariat féminin. Ce programme s’appelle Ellever ! Sa justification tient au fait que les femmes africaines ont un accès très limité à l’assistance financière adéquate pour créer et développer leurs entreprises. Outre certaines considérations sociales et culturelles, cet état de fait s’expliquerait entre autres par l’absence de garanties et de documentations formelles,
L’insuffisance de connaissances sur les services financiers etc. Le programme Ellever est ainsi conçu pour répondre aux besoins financiers des femmes entrepreneures africaines en leur facilitant l’accès au fonds de roulement, au crédit à terme à des conditions préférentielles.
Ce programme est ouvert aux entreprises dirigées par des femmes, aux entreprises ayant un pourcentage élevé de femmes au sein du personnel ou du conseil d’administration ou aux entreprises qui produisent des biens et services destinés à la gent féminine, notamment :
- Le prêt à porter, chaussures et accessoires
- Les Bijoux et parfums
- Les produits cosmétiques, d’hygiène féminine et de beauté
Pour cette année 2022, ce programme dispose d’une enveloppe globale de USD 13 millions dans le cadre d’un accompagnement financier structuré.
Ecobank a créé récemment l’application Rapidtransfer International. Y a-t-il pour le groupe Ecobank un retard à combler dans le secteur des transferts de fonds de la diaspora africaine ? Quelles sont les pays où ce service est déjà opérationnel ?
Notre stratégie a été dans un premier temps de déployer et d’éprouver notre solution Rapid Transfer sur notre réseau de 33 filiales en Afrique. Dans un second temps, en prenant avantage de notre positionnement en Europe et compte tenu des flux importants de transferts de fonds vers l’Afrique, nous étions naturellement bien placés pour faire le pont entre la Diaspora Africaine et le continent, d’où le lancement de l’appli Rapidtransfer International. Avec cette plateforme, la Diaspora peut effectuer des transferts depuis 25 pays de l’UE et le Royaume Uni vers nos 33 pays de présence en Afrique.
Ces transferts peuvent se faire directement sur des comptes bancaires (quel que soit la banque), sur des portefeuilles de monnaies électroniques ou être retirés en espèces dans nos agences bancaires.
Quels sont les avantages comparatifs de cette application ? Qu’offre-t-elle de plus par rapport à ce qui existe déjà sur le marché ?
Rapidtransfer International (RTI) est :
- La 1ère plate-forme bancaire panafricaine de transfert d’argent à opérer depuis presque toute l’Europe et avec une large représentation à travers l’Afrique (plus de 33 pays), contrairement aux acteurs de niche qui n’opèrent que sur un ou deux corridors ;
- Une application qui combine l’ouverture directe de compte en ligne et l’accès à la plateforme de transfert d’argent idéale pour effectuer des transferts de fonds sans passer par un tiers ;
- GRATUIT sur la première transaction avec l’utilisation du code promo FREE. Nous invitons les clients à essayer pour se faire leur propre expérience ;
- Moins cher avec une commission fixée à 1,5 % quel que soit le montant du transfert. Par exemple, si on envoi 100 €, on ne paie que 1,50 € etc…;
- Transparente – il n’y a pas de coûts cachés ; on voit clairement les frais associés et le taux de conversion avant d’envoyer le transfert. Aussi, il n’y a pas de frais supplémentaires pour le bénéficiaire, donc pas de surprises.
- Sécurisé et rapide avec des transferts instantanés, que ce soit pour un retrait d’espèces ou un dépôt sur votre compte.
Avez-vous un mot de la fin ?
Nous avons pour ambition de rester à l’avant-garde du financement de l’économie, de révolutionner les moyens de paiements, de contribuer significativement à l’inclusion financière grâce à la digitalisation en nous appuyant sur nos innovations technologiques, notre offre de produits diversifiés et sur l’expertise du Groupe Ecobank ainsi que son réseau de clients à travers le monde.
Après presque vingt-trois (23) années de présence en Guinée (1999-2022), Ecobank Guinée est leader dans le paysage bancaire guinéen. Pour nous la banque n’est pas juste une histoire de transactions :
- Notre vision est de construire une banque panafricaine de classe mondiale en contribuant à l’intégration économique et financière de l’Afrique ;
- Notre mission est de permettre à nos clients de réaliser leurs rêves.
Je vous remercie.
Réalisé par Bintou KABA